Interview : Jean Marc Crumiere

Le grand chef du trial Mondial n’est pas Espagnol, pas Anglais mais bel et bien Français. Jean Marc Crumière tient les reines au sein de la FIM du trial .Mondial. L’avenir du trial en compétition il le tient dans ses mains,ça méritait bien quelques questions  …





            Bonjour Monsieur Crumière, vous êtes le président de la commission trial au sein de la Fédération Internationale de Motocyclisme  ,pouvez vous nous préciser vos compétences ?

Je suis dans le monde de la moto depuis 1967. J’ai été avant tout un dirigeant et un organisateur ( 3 championnats du Monde de trial, etc) ; je n’ai pas de compétence de pilote de trial, mais est ce nécessaire  pour consacrer 3 à 4 heures par jour plus beaucoup de week end à travailler pour cette discipline que j’ai animé à tous les niveaux depuis environ 40 ans ?

Pouvez vous nous donner quelques exemples de ce que vous avez réalisé depuis votre élection ?

La CTR est une commission internationale qui n’a pas de promoteur et qui doit donc gérer seule ( fort heureusement) tous ses dossiers en cours et en lancer d’autres. Ne rien laisser passer et  réussir la gestion du quotidien  est en soi un résultat très positif.
Beaucoup des mesures prises ne sont pas forcément spectaculaires, elles sont applicables dans le sport féminin par exemple ou la protection de l’environnement ou aussi le report de  l’age limite à 23 ans pour les juniors qui a permis d’avoir un plateau pilote important et qui a permis à  nombreux coureurs de rester dans le circuit plutôt que renoncer à la classe World pro trop difficile.
En 2008, nous avons lancé le fonds de solidarité alimenté par tous les organisateurs qui  permet aux pilotes de recevoir une aide financière et logistique lorsqu’ils se déplacent.
La recherche des partenaires a porté ses fruits et va encore croître pour le futur.

On a assisté cette année a un championnat du Monde Indoor réduit a 5 épreuves, Pouvez vous nous dire comment on en est arrivé la ?

5 épreuves dont 3 en Espagne qui il faut le reconnaître est la patrie du trial indoor. Il faut sortir le trial indoor du marasme dans lequel le promoteur l’a amené progressivement en n’étant pas capable de réaliser un calendrier, en imposant aux organisateurs des exigences financières trop importantes et en n’assurant pas correctement sa promotion. Mais il faut aussi reconnaître que le trial a des concurrents redoutables  et très spectaculaires pour les organisations en salle

Est-ce que l’on peut espérer un championnat indoor plus consistant l’année prochaine ?

Au lendemain du GP de France, la FIM va réunir les organisateurs qui se sont inscrits pour une manche du Championnat du Monde de trial Indoor en 2009. Actuellement nous avons 9 épreuves programmées : 2 en France :Marseille et Nice, 2 en Espagne, Grande Bretagne, Italie, Autriche, Allemagne, Portugal . Nous avons assisté à un retour immédiat des gens qui ne voulaient plus accepter les exigences financières du promoteur. Nous n’avons pas cherché de manifestation outre mer pour le moment pour des raisons d’intendance uniquement.
 La FIM va gérer elle même le championnat de la façon la plus professionnelle possible. De nombreuses rencontres ont eu lieu avec des groupes internationaux pour la production télévisée ou des intermédiaires ayant envoyé des propositions .
L’ensemble de ce dossier sera finalisé très prochainement.

Quels sont les projets que vous aimeriez mener a bien pendant votre mandat ?( Indoor ou Outdoor)

Il n’y a pas de projet concret mais des orientations
Mais réussir le Championnat du Monde de Trial indoor est un énorme challenge dans la CTR et ses partenaires vont mettre toute leur énergie
Développer le sport féminin dans d’avantage de fédérations tout en restant raisonnable sur les objectifs tangibles.
Voir les teams privés se développer car ils disposent de moyens financiers, d’une grande volonté et d’un enthousiasme indéfectible, de plus ils n’ont d’intérêts que sportifs ce qui clarifie leur position
Maintenir une image professionnelle du trial, même si le sport doit et ne peut qu’être organisé que par des amateurs passionnés.

Le championnat d’Espagne vient d’inaugurer une nouvelle formule pour les pilotes Elites qui consiste a laisser faire la reconnaissance des zones la veille, et ne plus laisser les pilotes rentrer « repérer » dans la zone le jour de la course, afin de rendre plus dynamique la course, est ce une solution a la qu’elle vous réfléchissez ?

En trial comme ailleurs toute nouveauté est attendue avec avidité.
 Alors même qu’une seule épreuve du championnat espagnol s’était déroulée plusieurs de vos confrères m’ont demandé si la FIM allait adopter ce règlement...Je me suis déplacé sur la 2° manche espagnole pour étudier l’application de cette formule sur une manifestation.
Actuellement on peut dire que ce format  est beaucoup plus complexe que votre présentation sommaire, mais surtout qu’il n’est pas finalisé et qu’il évolue au fil des épreuves en concertation avec les top pilotes puisque il faut le souligner, eux seuls sont concernés Les autres catégories ont toujours le règlement habituel.
Beaucoup de paramètres sont a intégrer, en particulier l’obligation d’avoir un parcours très réduit pour permettre le déplacement des spectateurs etc. Donc attendons un peu pour que la RFME  tire les conclusions de cet essai

Le règlement a souvent beaucoup évolué ces dernières années pensez vous que le règlement actuel est désormais le bon ? Et si non quelles sont les modifications que  vous pensez apporter ?

Les pilotes du championnat du Monde et non des moindres estiment que le règlement actuel est un bon compromis, qu’il y a assez peu de litiges avec les commissaires ( c’est une chose très importante). Les partisans d’un retour au non stop absolu ne se manifestent plus. La FIM contrôle d’avantage le niveau des sections grâce à l’intervention du CTRS  en charge avec le président du jury de cette tache.
Nous avons un bon règlement, mais il faut le faire appliquer dans tous les pays par des officiels formés correctement et soutenus par leur hiérarchie.
Cela ne veut pas dire que les règles du trial sont définitivement figées, la FIM est ouverte à toutes les propositions étayées ; mais pas aux « y’a qu’a , faut qu’on » ou aux propositions contraires à nos lois.

A qu’elle date le 2 temps sera t il complètement exclu du championnat du Monde ?

Philosophiquement la FIM est favorable au quatre temps ce qui est conforme à sa politique de pour encourager la protection de l’environnement.
 Rappelons que les motos de trial sont considérées comme des engins circulant sur la voie publique et que dans la mesure ou les normes (euro 3 puis 4 etc.) sont respectées la CTR  ne va pas aller contre le marché très fragile de la moto de trial.
La balle est donc plutôt dans le camps des constructeurs qui doivent tous avoir dans leur catalogue des machines 4 temps pour pouvoir répondre aux demandes dans les divers pays du monde. D’autre part le maintien de certains modèles 2 temps basiques peut être une bonne mesure grâce à des prix de ventes plus abordables, ce qui pourrait avoir tendance à faciliter l’accès aux nouveaux venus.

Avec l’arrivée du 4 temps , le problème du bruit devient encore plus préoccupant . La fim va-t-elle durcir les normes  ,durcir les contrôles?

Actuellement la FIM a confié au vice président JP Mougin un gros dossier sur la limitation des nuisances sonores des machines. Avant cela le président de la FIM lors d’une rencontre avec l’industrie japonaise avait clairement fixé quelques objectifs de baisse du niveau sonore. En tout terrain il faut quand même admettre que le trial n’est pas le plus bruyant mais que la aussi un effort sérieux doit être fait par les constructeurs qui ne doivent pas se contenter de produire des motos conformes pour l’homologation et livrer dans la caisse le kit nécessaire pour la compétition.
La CTR et le collège technique de la FIM sont bien conscients des difficultés de l’industrie trial et ont décidé de maintenir le système appliqué pour les contrôles du niveau sonore qui est celui de la directive européenne 97/24CE . ( voir « technique » ci-dessous )
Dans le même temps ces instance souhaitent que les constructeurs aient une réelle prise de conscience du problème du niveau sonore et prennent les mesures adéquates..

« technique » : Le nombre de tour par minute et le nombre de décibels sont différents pour chaque modèle homologué et figurent ( entre autre) sur la plaque d’identification fixée sur la colonne de direction.

Bernard Estripeau  est devenu le représentant des  marques auprès de la FIM ; ça simplifie les rapports  d’avoir un interlocuteur Français ?
Quels sont vos sujets de divergences et de convergences ?

Lorsqu’on évolue au plan sportif mondial, seule la qualité, l’impartialité et la constance dans l’action comptent ; nous avons comme point commun d’aimer le trial  et nous avons souvent travaillé ensemble.
Le plateau pilotes du mondial est représenté par une majorité de coureurs indépendants, un nombre croissant de coureurs inclus dans des teams, et un nombre réduit de pilotes professionnels engagés par 4 usines.
L’industrie, comme son nom l’indique est là pour fabriquer et vendre des motos ; pour elle seule l’importance du marché de la moto de trial compte ; la compétition  à un haut niveau n’est qu’une petite facette de sa vie.
 Dans un passé très récent  l’industrie  s’est engagée dans une escalade des dépenses pour le Championnat du Monde assez spectaculaire. Actuellement, confrontées à des difficultés économiques réelles(avec la précision que vous verrez plus bas)  les teams d’usine cherchent à réduire leur frais  tout en maintenant un niveau de vie souvent ostentatoire .
L’industrie a demandé à la CTR de réduire le nombre des manifestations, ce que la CTR a accepté avec les risques que cela peut avoir pour l’image du trial avec son petit championnat et le mécontentement de certaines fédérations privées de mondial.
Cette décision importante n’a même pas été applaudie, appréciée ou seulement relevée ; il en est de même d’ailleurs pour le fonds de solidarité.
Le championnat du Monde de trial ne peut pas s’organiser uniquement autour de la méditerranée,  le Président de la FIM Vito Ippolito l’a clairement fait comprendre.
 Au plan technique nous préparons les règles  en concertation avec l’industrie, afin d’éviter des dérives et être garant de la sécurité.
Au plan français qui intéresse vos lecteurs, il est agréable de signaler quand même qu’en 2007  Gas Gas accroît sa pénétration de 3.8 % par rapport à 2006 et que Beta a progressé de 28.3%. La moyenne pour l’ensemble des marques est quand même de 2.32% sur l’année 2007 avec presque 2000 motos neuves.

Bernard Estripeau est aussi le promoteur de l’Open free , quel regard portez vous sur cette discipline ?

.Toute idée nouvelle est forcément digne d’intérêt. Le résultat positif  de cette formule appliquée en France a montré qu’elle pouvait  attirer   des organisateurs et des participants qui ont tous dit qu’ils s’étaient fait plaisir.
Ce concept de trial à la carte est assez ancien ; une étude avait été faite il y a près de 15 ans par la FIM  sur ce format qui est utilisé depuis longtemps aux USA dans certaines manifestations.
Ce qui est applicable avec succès à des épreuves promotionnelle et de masse ne l’est pas forcément aux épreuves plus élitistes comme le championnat du Monde.

En matière de Média , le trial a toujours du mal a être présent , présent uniquement sur la tv « a péage » et encore en  gros différé , peut espérer quelques progrès dans ce domaine ?

Le trial est une toute petite discipline avec un petit marché qui n’a pas les moyens de s’offrir des couvertures médiatiques payantes, comme c’est le cas maintenant. Dans certaines disciplines, ce sont les usines qui contribuent financièrement au plan médiatique des championnats puisque les retombées sont aussi pour elles! La volonté de la FIM, la fin du contrat avec Octagon vont permettre très vite   de travailler différemment en 2009

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L’année dernière la FIM a mis en place un plan du développement du trial en Chine avec des séminaires , des stages de formation et de perfectionnement et une épreuve de championnat Asiatique était prévue . Quels sont les premiers résultats de ces efforts.

Cette ouverture vers la Chine a eu les résultats prévus qui prenaient bien en compte le fait que l’année des Jeux Olympiques en Chine entraînerait une grande mobilisation des fédérations sportives d’état et bien sur des budgets.
 On peut dire qu’un organisateur  et un site  sont disponibles et prêts pour 2010, que le budget ne constituera pas un problème, mais qu’il y encore du travail !
Cette action entre dans le cadre d’une recherche d’organisateurs et de pays nouveaux  où la pratique du sport existe ou bien peut se développer grâce à la FIM et aux fédérations nationales
Il faudra aussi persuader certains acteurs du trial a aller voir ce qui se passe dans le monde, traverser les océans pour participer au Championnat du Monde en  dehors de l’Europe