En 2009 , Le règlement du championnat de France devrait évoluer en profondeur. Ce n’est pas encore officiel puisque la décision n’a pas encore été validée (elle devrait l’être le 5 Décembre )

Quels seront ces modifications :

La principale des modifications au règlement concerne la reconnaissance des zones. Celle ci ne pourra plus se faire le jour même de la course et devra se faire pendant un temps imparti la veille de celle ci. Le jour de la course le pilote ne pourra donc rentrer dans la zone que pour effectuer sa zone (avec sa moto)

Il sera interdit de communiquer au pilote une fois dans la zone ( donc exit les casques bluetouth)et les «  cinq à gauche , deux à droite » etc etc

Le suiveur n’aura le droit de rentrer dans la zone uniquement pour « assurer » son pilote sur un obstacle dangereux .

Nous avons joint le président de la commission trial au sein de la FFM Yves PRADEAU pour qu’il nous explique les raisons de ce nouveau règlement qui déjà fait beaucoup de bruit .

Yves Pradeau :

« Je ne suis pas surpris que ces nouvelles dispositions fassent beaucoup de bruits et que certains commencent à dénigrer sans avoir essayé…

Le trial Français a toujours été très novateur et a très souvent donné l’exemple. Certaines de ces révolutions à l’époque font partie maintenant du standard du trial international

 Rappelez vous l’époque ou certains pilotes passaient plus 10 minutes dans la zone car ils n’avaient pas de limite de temps maximum pour franchir la zone mais de gros bouchons… Quand j’ai proposé officiellement à la FIM en octobre 93 de réduire à 3 minutes, il m’a été répondu de faire des essais au niveau national.

En Novembre, j’ai fait la même proposition à la commission nationale en expliquant la réponse de la FIM. La commission a été unanime pour essayer dés la 1ére manche du Championnat 94 et nous avons réduit a 3 minutes le temps de passage dans les zones.

Au cours de l’hiver que de manifestations de mécontentement (il n’y avait pas internet et ça ne prenait pas les mêmes proportions qu’aujourd’hui) et je cite quelques remarques de certains pilotes de notoriété ou d’organisateurs qui ont dit haut et fort et souvent que s’était une aberration: « le trial est un sport de liberté pourquoi nous limiter? On nous brime, il ne peut plus y avoir de créativité, les franchissements seront stéréotypés…   Ce sera impossible de franchir tous les obstacles en si peu de temps, il faudrait au moins 5mn…   Les commissaires n’ont pas la compétence pour faire des prises de temps et il va falloir un chronométreur officiel dans chaque zone… » et j’en oublie ! Nous avons maintenu la décision car nous savions qu’il fallait essayer en course car les essais à blanc ne montent que 60% du problème quand le facteur humain entre en considération.

La première manche du Championnat 94 a eu lieu à Gattières ou à La gaude. Avec la trouille du chronomètre, aucun pilote ne fut sanctionné… A la fin Philippe BERLATIER est venu me dire : « tu vois, j’étais contre cette limitation mais c’est super et il fallait le faire » .,. Bravo Monsieur Ber.  2 semaines après commençait le championnat du Monde en Belgique à Bilstein et là le « bordel » a recommencé.

La FIM ayant connaissance du coté positif de notre règlement décida en cours de saison de changer le règlement et confia à la France à Bréal sous Montfort la mise en oeuvre d’imposer les 3 minutes… qui s’en plaint aujourd’hui ?

Une autre petite révolution dans le règlement : l’obligation Française de rester en 125 cc jusqu'à 18 ans ! Qu’est ce qu’on a pas entendu pendant tout l’hiver… La FIM nous a aussi suivi la saison suivante ou 2 saisons après. Résultat, les français ont pris de l’avance et les titres réservés aux jeunes (3 sur 4) sont la propriété de français en 2008 : champion du Monde Junior Loris Gubian , champion d’Europe Junior Alexandre Ferrer et champion d’Europe Jeune Tanguy Mottin.

Je ne parlerai pas de la mise en place de la notion de « circuit fermé » car là il y avait en face de nous des gens qui étaient plus rigides et plus inquiets et plus conservateurs que des Préfets… 

Pourquoi ce nouveau règlement aujourd’hui?

C’est dans un souci de clarté d’abord pour le public et pour le commissaire. Dans la zone ,il n’y aura plus que le pilote à moto et pas 4 ou 5 pilotes en train de repérer qui gênent la vue. Donc une bien meilleure visibilité. Ensuite pour les commissaires qui n’auront plus que le souci de suivre l’évolution du pilote et n’auront pas a surveiller en même temps les pilotes en repérage .
Le fait de ne plus avoir de suiveur pour vous placer au millimètre permettra de développer d’autres qualités chez les pilotes , qui devront apprendre à gérer eux même leurs trajectoires. Le trial est un sport individuel et l’expression du pilote doit être primordiale dans la notation, et dans un soucis d’équité, il faut que cela le redevienne. Aujourd’hui, vu de l’extérieur, on a souvent l’impression que notre sport est devenu un jeu d’équipe, que le suiveur joue avec le pilote comme on joue sur un jeu vidéo avec un joy-stick (c’est un haut fonctionnaire présent sur une épreuve et que j’accompagnais qui s’en est étonné et qui me l’a fait remarquer) .

Le trial, ce n’est pas comme j’ai pu le lire sur un « coup de gueule », comparable au rallye où l’équipage est récompensé. Ou alors faut il associer le suiveur au pilote sur le podium en trial?

Dans la quasi-totalité des spots individuels, pour redonner de la valeur au sportif,  l’assistant, l’entraîneur, le manager n’a plus le droit de communiquer pendant le match ou le combat avec le sportif sous peine de sanctions : en judo, tennis, lutte etc… même en moto cross où l’assistant sur le bord de la piste n’a pas le droit d’encourager, de stimuler son pilote sous peine de se voir retirer son droit d’accés à la piste qui est un vrai Césame en motocross. Pourquoi en trial ceci ne serait il pas possible, et le suiveur reprendrait simplement sa fonction initiale et unique de sécurisation du pilote aux endroits difficiles.

Quand les pilotes s’entraînent ils n’ont pas toujours de suiveur pour positionner leurs roues, alors qu’en compétition, le suiveur apporte un plus sur le concurrent d’à coté qui en a un lui aussi ! Si on supprime cet « avantage » apporté au 2 pilotes de mon exemple, tout le monde retombe à égalité. C’est un peu la même logique que la simplification des équations en mathématique.

 En Espagne, les pilotes n’entrent plus dans la zone mais ce sont les suiveurs qui « font le boulot ». Le problème n’est pas réglé, ils l’ont simplement déplacé. Si nous adoptions cette règle en France cela viendrait à imposer artificiellement un suiveur à tous les S2 car il représente dans ce cas un avantage considérable pour le pilote qui ne peut entrer dans la zone. En Espagne l’équivalent de notre catégorie S2 n’existe pas en Championnat national ce qui évite cette disposition.
Ce nouveau règlement ajoutera de l’équité pour ces pilotes qui n’ont pas de suiveur. »

Dèbut Janvier, nous rencontrerons les organisateurs de championnat de France, nous allons les conseiller à tracer des zones plus faciles pour prendre en compte cette difficulté supplémentaire.

Il faut savoir faire évoluer les règlements et surtout ne pas critiquer avant d’avoir fait des essais grandeur nature. Je pense très sincèrement que nos pilotes et surtout leur encadrement devraient y mettre du leur en jouant le jeu pour que des essais soient faits dans les meilleures conditions au cours de la première manche.

Ne pas vouloir accepter ou anticiper les changements est une attitude rétrograde que je ne partage pas, il faut avoir l’esprit ouvert à de nombreuses propositions pour en saisir une qui fera évoluer les situations actuelles. 

Quand Bernard Estripeau nous a proposé « l’open free », nous l’avons tout de suite assisté pour définir un règlement dans l’espoir que ce schéma d’épreuve apporterait un nouvel élan au trial. Là aussi il y a eu des commentaires destructeurs sans avoir vu ou essayé la formule. N’étaient ce pas les mêmes personnes qui critiquent aujourd’hui mais qui proposent , je ne dirai pas jamais, mais très rarement quelque chose pour améliorer l’existant?

Merci a Yves Pradeau d'avoir  accordé a trial club la primeur de ses explications sur ce nouveau réglement.