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Trial / Indoor international de Strasbourg
A couper le souffle
Dans un Zénith Strasbourg-Europe chauffé à blanc, c'est l'Espagnol Adam Raga qui a finalement posé le pied sur la plus haute marche du podium de ce premier trial indoor international. Pas de quoi freiner l'enthousiasme des Français.
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Même l'odeur de l'essence n'aura pas eu raison de l'engouement suscité par les plus de deux heures de spectacle proposées par les cinq pilotes, qui ont régalé un public venu en nombre et en famille assister à des numéros de funambule à moteur.
Adam Raga: «Ici, c'est fantastique pour le trial»
Pour Lucas, 26 ans, la performance était saisissante. « C'est vraiment spectaculaire. On a l'impression que ce n'est pas faisable, et ils le font. » Nicolas, son voisin, ne dit pas autre chose. « Ce qui m'impressionne, ce sont les cascades, mais aussi la justesse de leurs mouvements.
« Tout est parfait, au millimètre. Ils ont un équilibre de fou », lâchait-il. En effet, pour régaler les plus de 3000 spectateurs, les cinq pilotes ont mis le paquet. Parfois même au prix fort, comme ce fut le cas pour Benoît Dagnicourt, le jeune Français, qui avait l'honneur d'ouvrir le bal.
Au milieu de la troisième zone d'obstacles sur les cinq à traverser en sept minutes, il est venu s'écraser toutes côtes en avant sur les planches de bois. Fin du spectacle pour lui, et assurément quelques jours de repos avant de pouvoir à nouveau enfourcher sa monture. Mais ses comparses n'ont pas fait de détail, montrant qu'ils en avaient sous la semelle.
Chez les Français, on attendait Loris Gubian, le champion du monde junior 2008, et ce fut finalement Alex Ferrer, 3e au dernier championnat du monde junior, qui est venu titiller la roue des favoris logiques. James Dabbil d'abord, l'Anglais, 5e de l'actuel classement mondial, mais surtout Adam Raga, le double champion du monde, venu montrer que l'Espagne est décidément un vrai vivier de talents sportifs.
A l'issue de la première manche, il avait déjà mis tout le monde d'accord, n'écopant que d'un seul point de pénalité sur les cinq zones (troncs d'arbres, tourets électriques, planches de bois, plots de béton et rochers).
Derrière lui, la lutte était enragée entre James Dabbil et Alex Ferrer, alors que Loris Gubian passait complètement à côté de l'événement. Pour continuer de régaler la foule, Bernard Estripeau, le maître d'œuvre de cette soirée, avait encore un autre tour dans sa manche, avec la venue des cyclistes Marius Merger, 17 ans, et Kenny Bealy, champion du monde en titre de VTT trial.
L'audience en prenait une nouvelle fois plein les mirettes, et le pari du Toulousain Bernard Estripeau semblait déjà gagné. L'opération séduction était une réussite. Les motards remettaient le couvert pour une seconde manche, disputée cette fois avec la pression du chronomètre.
Et malgré les efforts d'Alex Ferrer, c'était le statu quo à la fin de l'épreuve, avec Raga en tête, une nouvelle fois étincelant, et qui démontrait pourquoi il fait partie des tous meilleurs mondiaux. Dabill, son dauphin du jour, n'aura pas démérité non plus, et Ferrer s'adjugeait la dernière marche du podium.
De la vitesse, de la hauteur, du rythme, de l'adrénaline, tous les ingrédients étaient réunis pour permettre de prouver à Adam Raga qu'il était bien le premier de tous les hommes. « Je m'entraîne au maximum de ce que je peux faire, je travaille beaucoup, alors peut-être que c'est ça qui fait la différence », expliquait-il avec un large sourire après le show.
Mais sa satisfaction était surtout dans la réussite de l'opération, qui pour un coup d'essai était assurément un coup de maître. « C'était très bien. Ici, c'est fantastique pour le trial. C'est la première fois, mais j'espère que ça va continuer, le public était formidable. Par moments, on se croyait à Toulouse, qui est la référence pour ce genre d'événements.
« C'est d'ailleurs parce que Bernard Estripeau m'a sollicité que je suis venu. Il est le meilleur pour organiser ce genre de spectacle. Quand il m'appelle, je dis toujours oui », expliquait l'Espagnol. Pour Alex Ferrer, la soirée était aussi réussie. « Je prends confiance au fur et à mesure.
« Je sens que techniquement je suis capable de faire de beaux passages, et le public a été un vrai moteur. L'objectif était de chercher Dabbil, et aujourd'hui, je n'en suis pas loin. » Cette soirée aura en tout cas permis de constater que le terrain est prêt pour accueillir une nouvelle fois les meilleurs pilotes mondiaux en 2012, pour le plaisir comme pour la compétition.
Vincent Hahn