Pierre Bonfils: La passion du trial

Pierre Bonfils ou la pratique pro environementale du trial

Trial Club.com : Pierre Bonfils, mais qui c'est ça ? pas champion , pas constructeur, pas membre de la ffm,

Qu'est ce que vient faire ce reportage sur cet illustre inconnu sauf de ses copains de la Maurienne.

Ben nous a trial club, quand Pierre webmaster de l'excellent site Moto Verte Maurienne, nous a proposé de recueillir les souvenirs de ce Monsieur de 70 ans qui a connu les premiers tours de roues des motos trial dans les années 50 et qui roule encore aujourd'hui sur sa Beta Rev 3 on a pas hésité a profiter de ses histoires , de son expérience et de sa vision du trial moderne.

Tout compte fait , j'avais tord Mr Bonfils, vous êtes un champion, champion de la passion du trial.

 

 

 Pierre :

-Au regard de figures emblématiques du trial, mon interlocuteur est un anonyme. Mécanicien de profession ou plutôt virtuose de la mécanique, il connaît les motos, leurs techniques, les hommes et leurs histoires mêlés. En 1955, alors qu'il pratique sur route, une mauvaise rencontre avec un camion le détourne vers des itinéraires naturels, moins fréquentés… mais toujours à moto.     

Pierre Bonfils, personnage très apprécié dans notre vallée, est le père d'un copain… un homme qui vit pleinement sa passion depuis plus de quarante ans et qui en parle avec beaucoup d'humilité (dans la famille, trois générations sont concernées).

Une revue de détails : depuis les prémisses d'une pratique motocycliste locale jusqu'aux échos d'une circulaire ministérielle… radiographie d'une passion liée au trial !

Pierre Bonfils : "Je passe mon permis en 1952 et enfourche sans tarder la 250cc Terrot de mon père. Plus tard, ma passion s'affirme et je débute les ballades en montagne sur des engins modifiés. A cette époque, Moto Revue traite déjà de sujets sur le trial ou il est souvent question de gentlemen's et de machines anglaises. En France, une Koehler-Escoffier 175cc me fait rêver. Aux comportements " camionesques " des BSA Gold Star, Royal Enfield, Ariel et autre Norton 4 temps, les 2 temps sont légers et plus performants. Oubliés les ridicules débattements de la roue arrière et vive l'adhérence sur sols gras.

1957 : Sur Harley-Davidson lors du service militaire.

 

 

Le trial en Maurienne remonte à la fin des années cinquante. Dix ans plus tard, on se presse pour voir les démonstrations organisées à l'occasion de fêtes de villages. Ailleurs existe déjà des compétitions auxquelles nous préférons le trial de randonnée. Nos 2 temps sont donc des machines de route transformées sur lesquelles prend place un gros pignon à l'arrière. Mon premier bicylindre Peugeot 250cc à la pointe de vitesse tronquée se hisse alors au sommet des pentes.

A mes débuts, les premières épreuves internationales fleurissent sur notre sol et en particulier dans notre région. J'avoue une participation à celle organisée sur le plateau de Lans-en-Vercors vers le milieu des années 70. Plus tard, au sein du Moto Club de Maurienne, je participe à l'organisation du trial de St-Pancrace. De cette époque, je garde le souvenir de Claude Peugeot, agent Bultaco à ALBERTVILLE, qui fut l'un des premiers à venir faire du trial en Maurienne.

Maintenant pour s'adonner aux compétitions, il faut être jeune, très souple et passer beaucoup de temps sur sa machine. C'est une discipline très difficile et j'admire ces gars-là. Il est vrai qu'à mon âge j'ai arrêté d'évoluer… néanmoins j'éprouve plus de plaisir maintenant au guidon d'engins modernes.

Dans nos vallées, nous sommes pour la plupart des montagnards amoureux de la moto. Il s'agit avant tout de choses simples : une promenade à moto, en montagne et entre copains. Parfois certains passages demandent un minimum de technique mais lorsqu'on pratique sa passion, on ne regarde pas l'effort.

 

 

Moto-cross à St-Alban-des-Villards
Au Grand Coin sur les premières Montesa et Bultaco de trial

Aujourd'hui c'est différent et il faut faire attention. La crainte au ventre, le charme des ballades bucoliques disparaît. Il y a eu beaucoup d'abus et notre groupe se limite au maximum à quatre motos. Lors de rencontre avec les marcheurs, je me tiens à ce principe qui prévôt depuis mes débuts : on libère le chemin, on coupe le moteur et on s'arrête pour laisser passer. Depuis toutes ces années, aucune querelle mais souvent à la clé de longues conversations amicales.    

Lans-en-Vercors avec Gilbert Quézel (ancien président MV Maurienne) et les Montesa Cota 247

 

 

Les sentiers à l'heure actuelle ont les ouvre toujours. Avant il y avait de beaux chemins car les gens montaient faire les foins en montagne et allaient souvent dans les alpages. En haute montagne, au dessus de la végétation, nous avons toujours respecté les autres et pour ne pas créer de gênes, nous faisions un détour. A tel point que parfois il m'est arrivé d'essuyer des reproches de personnes qui m'avaient reconnu de loin. De même que dans le sac tyrolien, il y a le casse-croûte à midi et le soir au retour les emballages.

Pierre et son fils Patrick à la pause casse-croûte

Au sujet de cohabitation avec la faune sauvage, je veux " tordre le coup " à des idées préconçues. Notre activité n'effarouche pas les animaux. En voici pour preuve une anecdote récente : Sur une crête située au dessus de notre groupe à motos, nous apercevons un jeune chamois qui fait de nombreux petits sauts comme un cabri qui s'amuse. Je trouve cette situation anormale et pense qu'il est pris par un fil à la patte. On arrête alors les motos et après avoir fait une dizaine de mètres à pied dans sa direction, le jeune chamois disparaît à notre vue. L'éterlou venait de reconnaître son prédateur : l'homme. Quelques instants plus tôt, le duo homme et machine ne représentait aucun danger pour lui. J'ai d'ailleurs plusieurs anecdotes similaires avec d'autres animaux sauvages.

Ce moment là, tout le monde le connaît !

En ce qui concerne l'environnement, la détérioration est encore une idée fausse car nos machines de trial contribuent à refaire les chemins et non pas à les détruire. Comme ils se trouvent le plus souvent à flanc de pente, les pneus passent sur la partie haute et la terre qui descend reste sur le bas. Ceci favorise ainsi leur longévité. (voir photo 1 )

Pour l'avenir, je pense qu'il est difficile de faire sa police pour éviter aux autres de commettre des actes irréversibles. Il dépendra de notre aptitude à la compréhension. Il faut bannir les comportements égoïstes. Notre pratique doit être le reflet de comportements responsables et respectueux. "

Un grand merci à Pierre Bonfils !

      

En conclusion, je me permets d'ajouter que malgré les craintes et les doutes qui pèsent sur l'avenir de ce sport, notre passion demeure intacte et souhaitons-le communicative au plus grand nombre. Elle n'est d'aucune manière le développement exclusif d'un sentiment aux dépens de tous les autres.

Précisions : Pierre est né en 1935 et possède une Rev3 250/2004. Notre dernière sortie remonte à trois semaines…

Pierre - Moto Verte Maurienne